Doomed fate I Gravures sur bois imprimées sur dhuti -vetêment traditionnel indien, peinture au sol, 500 x 300 x 300 cm, 2011 (vue d'exposition)

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Dans “Doomed Fate”, le paysage n’est pas représenté picturalement comme dans la plupart de mes images mais composé par un espace où figure l’homme. Ce travail est née de la vision d’un homme, dormant au bord d’une rue de Calcutta dans une certaine position, m’évoquant de manière précise l’image mentale d’un homme marchant et portant un «poids» sur ses épaules. Ainsi m’est venue l’idée de transposer ce corps endormi à la verticale, transformant ainsi l’oreiller qui porte le corps en charge que le corps porte. J’ai gravé ce corps, puis l’ai imprimé sur de longs “dhuti” blancs, vêtement traditionnel indien. La gravure me permet de prendre «l’empreinte» de son immobilité, de sa passivité, pour la rendre visible, et donc publique. Une sorte de mise à nu, de révélation.
En disposant dans un espace clos ces corps figés et identiques – inspirés par l’homme endormi – je crée en quelque sorte une quantité d’hommes qui marchent, mais ces figures sont disposées en face de la porte d’entrée de la salle d’exposition et se dirigent vers les murs qui les entourent. Je dresse ainsi un tableau dans un paysage sans couleurs, où des hommes paralysés dans leurs vêtements semblent avancer en gémissant une rengaine répétitive : « Moi c’est pas ça que je voulais ». Ce sont les mots qui sont inscrits en bas à droite de l’image. Mon travail est une forme d’illustration d’une rigidité mentale, d’un rapport entre l’insatisfaction et la soumission, comme si ces hommes disaient : «ce n’est pas ce que je voulais, mais je ne bouge pas, rien ne change».